Texte indépendant : Jeux d’échecs

Sous couvert de parties d’échecs, une « guerre » se mène entre une divinité joueuse et une ombre aspirant à la divinité ; tordus, chacun manipule ses pions, que ceux-ci en soient conscients ou non.

Jeux d’échecs

Il y a longtemps, j’étais humain. Quelqu’un comme vous qui me lisez. Quelqu’un de normal. J’avais des rêves, des aspirations, des qualités, des défauts, des peurs et des hantises. Mais cela fait maintenant plusieurs centaines d’années que je ne le suis plus. Et, je dois vous l’avouer, en tout ce temps, on se lasse rapidement. On a l’impression d’avoir tout fait, et on en arrive à un niveau où tout nous semble fade, même les nouvelles inventions de la jeunesse.
Cependant, il y a toujours une chose qui réussit à éclairer mes journées. C’est un jeu. Les échecs. Je cherche régulièrement toutes sortes d’adversaires, et chaque partie dure assez longtemps, est assez palpitante, pour que le temps passe rapidement. Au début, les ennemis se succédaient, même si c’était palpitant, je croyais que comme toujours, ça finirait. Mais depuis quatre cents ans, je joue toujours la même partie. Long, n’est-ce pas ?
Mon adversaire est retors. La fourberie incarnée, quelqu’un que je ne recommanderais pas aux simples humains. Lui et moi n’avons cependant pas besoin de nous menacer. Tout est affaire d’intérêt. Il souhaite quelque chose de moi, je souhaite quelque chose de lui, ainsi, nous jouons en pariant et ajoutant nos propres règles.
Pour la première fois depuis que je ne suis plus humain, je vois la fin de la partie arriver en ma défaveur. Il ne me reste que mon roi, symbolisé par moi-même. Mes autres pièces sont tombées. Je suis donc « seul » aux commandes. Je n’ai pas vraiment peur, il ne lui reste que cinq pièces.
Impossible de gagner, cependant, avec les règles conventionnelles, mais je suis retors également.

Je souris, regarde le sombre individu qui m’affronte et lui fait part de mon idée.

– Voyons voir. J’ai perdu mes pièces. Tu sais que pour ta prochaine partie, tu as une limite de temps. Tu sais que tu ne pourras la commencer sans avoir fini celle-ci. Alors voilà ce que je te propose. Mon roi devient ton pion. En échange, tu me laisses rassembler un nouveau groupe de pièces. Qu’en dis-tu ?

Il accepte et la partie reprend alors. Mon nouveau roi est symbolisé par quelque chose de bien étrange. Un drapeau. J’ai avec lui une armée entière de pièces, mais il ne reste à mon adversaire que six pièces en comptant son roi.
Je commence alors mon attaque. Elle est difficile, mais en faisant attention et forçant mes pièces à attaquer de manière coordonnée, je commence à éliminer les pions de mon adversaire. De choix, ils sont cependant peu nombreux. Ma force est celle du nombre et de la réflexion. En tant que pion de mon adversaire, j’attends mon moment. Enfin, sa reine tombe. L’action est alors logique, je deviens sa reine. Je commence à repousser mes propres pions, mais en sacrifiant ma nouvelle reine, j’élimine mon propre pion. Je souris à mon adversaire et entame alors l’assaut final.
Tous mes pions restants entrent dans son territoire. Il ne lui reste plus que deux pièces, son roi et une tour. Il invoque une armée de pions, mais ils ne font que pâle figure face à la mienne. Le moment de la fin approche. Je place mon dernier coup, et enfin, alors que son roi s’effondre, je le regarde une dernière fois.

– Aussi fourbe que tu sois, aussi fort que tu sois. Ton erreur fut ton avidité pour mon roi. Tu as échoué, mais je t’en remercie. Cette partie aura été la plus amusante que ma « vie » m’ait donnée. Merci, sombre ami. Adieu, sombre ennemi.

Défi musical : Rêves Indomptables

Écrit peu après « Je te décevrai », celui-ci m’avait déjà bien plus inspiré. Pour un peu de contexte, celui-là suit la vie d’Asina Hass, une « jeune » assassine au service de la famille dirigeante d’un syndicat du crime, qui est en réalité une ancienne dirigeante de celui-ci, maudite, transformée en enfant, conditionnée et ré-élevée par les assassins de son amant passé. C’est un de mes premiers travaux sur les émotions à l’écrit. On y trouve normalement deux variations de la même voix ; celle onirique, mature, réelle, et celle réelle, enfantine, factice qu’elle est contrainte à avoir.

Il a été effectué sur Still Here du groupe Digital Daggers !

Rêves Indomptables

La journée va finir, je vais rentrer voir mon grand frère et les autres. La maison est grande, et depuis quelques semaines, on a souvent des invités. A cause de notre nouvelle situation, on ne peut pas vraiment voir tous les autres, mais ceux qui viennent sont très gentils.

Tout d’abord, il y a mon grand frère, Depp. Quelqu’un de jovial. J’arrive à le faire rire presque à chacune de mes actions. C’est lui qui m’a élevée, qui m’a appris à parler, lui qui a toujours pris soin de moi. C’est à lui que je dois ma vie, et donc pour lui que je me bats. Je sais qu’on a « trahi » les autres, et je ne suis pas vraiment d’accord, mais je suis mon frère, et surtout mon père adoptif. Turon, il s’appelle, et c’est vraiment quelqu’un de très souriant. Un homme très gentil, il ne veut jamais que je m’éloigne beaucoup de lui, parce qu’il a peur qu’il m’arrive quelque chose. Souvent, il me lit une histoire avant de dormir, et quand je me blesse, il me soigne. Il est très intelligent, il sait comment gérer beaucoup de problèmes et il est scientifique. Depuis tous petits, il s’occupe de grand frère et moi. C’est lui qui a décidé qu’on allait s’opposer à la famille qu’on servait, parce qu’ils allaient nous faire du mal si on continuait, et qu’ils n’étaient pas très gentils. Ça, c’est lui qui le dit, moi je n’ai jamais vraiment eu de problèmes avec eux, ils agissent un peu comme nous, s’ils étaient méchants, on le serait aussi. Ensuite, il y a un ami de Turon qui passe souvent. Alfonso, il s’appelle. Je crois que c’est son collègue, ami, et supérieur. Un scientifique aussi. Eux deux parlent souvent à un homme qui reste caché dans les ombres et ne me laisse pas approcher. Je pense qu’il est timide.

Il y a aussi Valerio. Lui, c’est une crème. Il passe moins souvent, mais il est très souriant, comme Turon, très gentil avec moi, et ses compagnons animaux sont tout doux. Il me laisse toujours les caresser. Ah, il est cuisinier, je crois. Je ne l’ai jamais vraiment vu faire à manger, mais il a toujours son couteau fétiche sur lui, et je crois que c’en est un de cuisine. Ah, il a amené quelqu’un il y a pas longtemps, une femme super jolie. Je crois que c’est sa cousine. Ah oui, Alfonso, Valerio et elle sont cousins, même, je crois. La femme chante vraiment très bien, j’ai jamais été aussi calme que quand elle le fait.
Tout ce monde à la maison, c’est bien. Mais il y a aussi des soirs où il y a personne. Et ces soirs là, je les adore. Parce que quand il y a personne. Bah je peux filer au lit directement. Chaque nuit, je sais que je fais le même rêve, mais je m’en souviens jamais vraiment. Pourtant, il y a quelque chose de merveilleux dedans, je le sais. Quelque chose qui me tire au coeur.
Ce soir, je rentre, et il n’y a personne. Je retire mes chaussures, j’en profite pour enlever mes vêtements et me diriger vers ma chambre. On vit dans un petit manoir caché dans une montagne. Dedans, je file dans mon lit, je ferme les yeux, et j’essaye de m’endormir.



Une fois endormie, les choses deviennent très différentes. Ma léthargie est une sorte d’éveil, malgré l’absence de mes sens. Je sais qu’il est là, qu’il veille sur moi. J’essaye de l’atteindre, mais jamais il ne se laisse toucher. Je me remémore les souvenirs que nous avons lui et moi. Mais pourtant, chaque fois que j’étends la main vers lui, il se dissipe, comme une illusion. Je ne peux me résoudre à penser qu’il n’existe pas, pourtant. Car il n’y a que la nuit que je puisse être réellement moi. Je m’accroche à mon rêve, espérant que tôt ou tard il essayera de m’atteindre aussi. Chaque nuit, je rêve qu’il est avec moi, et que nous allons enfin nous retrouver. Je rêve que nous soyons encore ensemble, comme avant. Mais à chaque fois, il retourne au sein des ombres. Je serais prête à mourir, pour lui, au fond de moi, quelque chose me le dit. Il y serait prêt aussi.
Quelque chose nous lie. Quelque chose de puissant, de beau, de merveilleux, et de mystérieux. Je l’aime, je le sais, et lui continue de veiller. Je me sens en sécurité, mais en même temps je le sens en danger. Quelque chose cloche, je tente de nouveau de l’atteindre, mais une fois de plus, il m’échappe.
Être loin de lui, c’est quelque chose que j’ai du mal à supporter. J’aime le soutenir, j’aime être là pour lui, je sais que je n’ai pas besoin de plus, et pourtant, je ne peux même pas faire ça.
Je me souviens des jours heureux. Je me souviens des jours malheureux. Je me souviens des jours sanglants. Je me souviens du désespoir. Mais aucune haine ne me vient. Je ne peux que le considérer lui, et réessayer. Il faut que je l’atteigne, il faut que je le protège, maintenant. Comment ferai-je ? Les larmes me viennent, car je réalise mon impuissance, je réalise qu’il s’éloigne de moi. Je réalise que ce n’est peut-être qu’une futilité, mais en même temps, je ne peux pas arrêter de m’y accrocher.

Mais cela n’arrive que dans mes rêves. Chaque matin, j’oublie tout. Ce que j’ai ressenti, ce que je ressens, ce que je ressentirai. Il ne me reste à chaque fois que le bonheur de sa présence, le malheur de son absence, et mon coeur qui menace de sortir de ma poitrine. Je ne suis plus moi-même, au réveil.
Et pourtant, chaque nuit, j’y retourne. J’espère qu’un jour, il me répondra. J’espère qu’un jour, je lui reviendrai. Lui qui sera toujours à mes côtés. Lui qui veille sur moi dans mes rêves. Lui dont l’existence fait de moi une femme heureuse.



Et voilà, encore un réveil pareil. Mal au ventre, mal aux épaules, je me sens mal, mais en même temps je me sens bien. Je sais qu’il faut que je dorme plus, quelque chose me dit que je me souviendrai de mes rêves, si je dors assez. Mais Depp crie « Asi, amène ton cul en bas ou je te latte la gueule, on a des invités. » J’entends Turon le frapper, et je descends. La journée commence à nouveau.

Défi musical : Je te décevrai

Il y a entre trois et quatre ans, j’ai pris la décision de m’essayer à écrire en prenant des chansons qui m’inspiraient en guise de bases. L’un des textes que cela a donné est le suivant, dit « Je te décevrai », qui se centre autour de la fin de la vie d’un antagoniste que j’ai créé par le passé pour Wakfu (quand j’entamerai les pages de présentations de personnages, cherchez celle de Silk Mortemain !). Avec le recul et les années, je ne suis pas très satisfait de ce texte, mais c’était un de mes premiers essais d’utiliser une chanson comme base, donc, ça a sa place ici !

La chanson qui a ici servi de base est I Will Fail You de Demon Hunter.

Je te décevrai

Quelques minutes après minuit, notre affrontement venait de finir. Ils avaient vaincu. J’avais perdu. Tous mes espoirs, toute ma personne, tout ce qui m’avait mené ici n’avait maintenant plus de sens. J’allais mourir, je le savais. Mes actes ne pouvaient être pardonnés. Tuer les miens. Les torturer. Leur faire subir le Mal. Pour moi, cela avait eu du sens. Maintenant qu’ils m’avaient arrêté, plus aucun. Avant de fermer définitivement les yeux, je décidai de regarder une dernière fois devant moi. Fermer les yeux, hein ? Non, dans mon cas, on allait probablement me les arracher, comme je le leur avais fait. Je réouvrai les miens avec difficulté, le sang partiellement séché sur mes paupières n’aidait pas. Malgré tout celui-ci, malgré toutes mes blessures, je ne sentais plus rien. Peut-être était-ce l’adrénaline. Peut-être le moment précédant le grand froid.
Il était là. Il me regardait, fixement. Lui, que j’avais torturé. Lui, dont j’avais tué la famille. Lui, dont j’avais pris soin par le passé. Il leva la main, et les autres s’arrêtèrent. Il devait vouloir me finir lui-même. Je vis ses lèvres bouger. Je vis les autres trembler. Mes tympans avaient visiblement lâché, puisqu’aucun son ne me parvenait. Puis, il se retourna, leur fit face, agita les bras comme s’il donnait des ordres. Ils semblèrent tous surpris, l’espace d’un instant. L’une d’entre eux s’avança vers moi. Il l’avait donc autorisée à porter le coup de grâce. Le froid venait. La dernière chose que je sentirais, probablement.
Je refermai les yeux, m’abandonnant enfin à ce repos. Je l’avais mérité. Tant d’années. Tant d’années passer à se battre. Tant d’ignominies commises. Tant de Mal causé. Tant de Mal accepté. Tant de folie. Le meilleur du pire, c’était ce que j’avais été. Ce froid et cette absence de sensations étaient en train de disparaître. Était-ce ça, la mort ? Une gigantesque douceur pour une personne fatiguée ?
C’est alors que je l’entendis hurler.

– Debout ! Tu n’as pas le droit de mourir, enfoiré ! Après tout ce que t’as fait, tu crois que tu vas t’en tirer comme ça ?

Je vois…Soigner pour mieux torturer, place à l’agonie alors. Je sentis mes blessures se refermer. Dans un haut-le-coeur, je crachai le sang qui s’était coincé dans ma gorge. Et de nouveau, il était en train de hurler.

– Je t’ai dit de te lever, connard ! Tu vas pas me lâcher là. Pas après tout ça, je suis pas allé jusque là pour que tu crèves.

Mes yeux s’entrouvrirent. Je devais voir son expression. L’expression de l’homme qui allait me torturer. Le sang séché craquela et commença à tomber. Il pleurait. Mon coeur se serra. Je croyais qu’il était mort il y a longtemps, pourtant. Mais il se serrait. Pourquoi pleurait-il ? Était-ce une crise de nerfs ? Une crise de rage ? Arrivait-il enfin à pleurer toutes mes victimes ?
Mais de nouveau, il hurla.

– Reviens. Reviens parmi nous. Reviens où on en était. Tu peux encore le faire ! Tu peux encore être l’un des nôtres !

Mon visage s’embua. Mon sens de l’esthétique me rappela brièvement que je devais être horrible à voir. Sang et larmes mélangés sur mon visage. Une horreur. Mais ça n’avait plus la moindre importance, où nous en étions. Il…me donnait une chance. Mais je n’y avais pas le droit.

– …peux…plus…articulai-je difficilement.
– Tu la fermes, tu te laisses soigner, et tu rentres avec moi ! On est plus à une horreur près, toi et moi ! A l’avenir, on sera ensemble. Avec tous les autres. Ensemble, tu m’entends ?
– …te déce…vrai…suis…sûr…
– Je t’ai dit de la fermer, putain ! On va en sortir ensemble.
– Je…Je te rappellerai…la souffrance, éternellement. Je…te décevrai, finis-je par dire quand mes cordes vocales furent en meilleur état. J’en suis sûr. Je te l’ai dit. Et un jour, de nos mémoires, le destin reviendra nous jouer son tour.
– Et tu crois que j’en ai quelque chose à faire, de tout ça ? Je suis allé jusque là pour te récupérer. Je te pardonne, tu comprends ? Je te pardonne ! On oubliera pas. On ne peut pas oublier. Mais on travaillera à ce que tu contrebalances. Vis contre ce que tu as fait. Vis pour ceux que tu as blessés. Vis pour ceux que tu as tués. C’est ce que je te donne, et ce que je t’obligerai à faire. Viens avec moi.

Mes larmes coulaient. Je ne savais pas. Les questions affluèrent dans mon esprit. Cet homme était meilleur que moi. En tant qu’être humain, en tant que combattant, et en tant qu’ami. Il ne me restait qu’à me rendre. Mes poumons se remplirent d’une grande bouffée d’air frais. Le retour du son de mon coeur m’apparut comme une berceuse. Le sommeil venait. Avant de m’écrouler, il fallait que je le lui dise.

– Je te décevrai…Jusqu’à la fin de nos vies. Mais…Je m’en remets à toi. Je…


Texte indépendant : La Croisée des Chemins

Ce texte-là a été écrit pour présenter un peu le background d’un personnage que j’ai créé sur Star Wars : The Old Republic, Silk Kyraycgaan, ex-chasseur de primes mandalorien devenu Sith par haine des jedis. Il n’est pas fini, il devait il y avoir une troisième partie nommée « la Tempête », mais j’ai arrêté d’y jouer avant. Il date d’il y a environ six mois, et était tout ce que j’ai écrit dans cette période.
Attention, il y a un grand nombre de termes issus de l’univers de Star Wars, y compris un certain nombre de mots dans la langue fictive qu’est le mandalorien, obtenus via un petit traducteur allant de l’anglais au mandalorien et inversement.

Partie 1 : Le Calme

Une peau rouge, des mains métalliques, semblables à celles d’un droïde, de nombreuses cornes sur le visage. Il n’y a aucun doute, c’est une zabrak qui me fait face, mais je ne la connais pas. Elle me parle, mais je ne l’entends pas. Je regarde autour de moi, mais je n’arrive pas à distinguer le paysage. Je ne sais pas où je suis, ni qui me fait face, ni pourquoi, cependant, au fond de moi, je sais que c’est important.
Une sensation me ramène à la réalité, mêlée au bruit correspondant.

– Hey, Mav.

Bom. Bom.

– Hey, frangin, qu’est-ce que tu fous ?

Bom. Bom.

– Bon, le mando raté, tu bouges ?

Je bouge soudainement le bras et reprend contrôle de mes sens. Une femme mandalorienne me met des coups de poing dans l’épaule, doucement. Je baille et m’étire alors que tout me revient. C’est ma sœur, « Adbetor ». Nous mandaloriens gagnons nos noms de guerriers. Le sien veut dire « Fille de la Justice ». Elle me regarde de haut et je penche la tête en réponse, curieux de ce qu’elle me veut.

– T’es réveillé, c’est bon ? On a du boulot, petit frère.

Je grogne et lui répond en récupérant mon équipement.

– Ouais, ouais. Qu’est-ce qu’il se passe ?

Elle lève son holocom devant mes yeux et l’allume, entrant rapidement des instructions dans le communicateur. L’hologramme d’un homme apparaît devant mes yeux et commence à résumer la mission. Cet homme, c’est mon oncle, le plus grand guerrier de notre clan et le chef de notre bande de mercenaires : « Oya’karir », le chasseur.

– Guerriers, il est temps pour nous d’entamer une nouvelle chasse. L’Empire Sith nous a à nouveau engagés. Cette fois, nous participons à une opération préemptive. L’objectif est la capture d’un prisonnier des Jedi qu’il faudra rapatrier sur Hutta aux agents Rancor et Silence. Le prisonnier a pour nom de code « Mortis » et il prendra les commandes une fois que nous l’aurons libéré. Silence a intercepté les communications du convoi transportant le prisonnier. Nous le piégerons sur Tatooine, sur le chemin vers le vaisseau supposé le transporter sur Coruscant. Nous nous séparerons en quatre groupe. Le premier groupe, Jehavey’ir se dissimulera et attaquera l’ennemi par derrière une fois que le convoi sera passé devant eux. Il sera dirigé par Mav Tkiryir, mon neveu. Le second groupe, Jurkad, sera dirigé par Adbetor, ma nièce. Il attaquera l’ennemi par l’avant et entamera les hostilités. Le troisième groupe sera le mien, Kegy’ce. Nous dirigerons les autres et profiterons de la confusion pour attaquer le commandement ennemi. Une fois le commandement ennemi engagé, le dernier groupe, Aka, dirigé par ma femme, s’occupera de libérer le prisonnier et de lui apporter un sabre laser.

Jamais une seconde de pause, c’est la vie de nous autres mandos. Cette mission sera dangereuse, mais je mentirais si je disais que ça ne m’excite pas. Des combats excitants, des adversaires de valeur. Le guerrier en moi hurle de joie. Je souris, et ma sœur le remarque. Nouveau coup de poing, je ricane, et elle commence à m’expliquer le plan en détails. L’embuscade aura lieu dans la Mer des Dunes. Son groupe s’installera à l’est du point d’embuscade, le mien à l’ouest. Nous attaquerons les forces de la République simultanément, à mon signal, dès que le convoi sera arrêté. Pendant ce temps, Kegy’ce s’infiltrera dans les lignes ennemies et bloquera sa chaîne de commandement. Enfin, Aka se révélera une fois que la confusion aura identifié le véhicule dans lequel se trouve le prisonnier et en saisira rapidement le contrôle. Quand Mortis sera libre, nous nous regrouperons et finirons d’éliminer les forces de la République. Le seul point « complexe » est à mes yeux encore plus excitant que le reste, Rancor aurait compté 8 jedis confirmés parmi les forces ennemies, dont au moins deux maîtres et leurs padawans. Il est d’ailleurs temps que je fasse en sorte que ce ne soit pas un problème.

– Bonne chance, Ad. Je vais me préparer mes gars et retaper leurs armes.
– Fais. Pendant ce temps, je vais coller une rouste aux miens.

Elle ricane et me fait un clin d’oeil.

– Pour les préparer, hein. Pas que parce que j’ai envie.

Sur ces mots, ma grande sœur s’éclipse. Demain sera un grand jour, mais aujourd’hui demande que tous les vod, les guerriers, soient prêts. Je pars rassembler les miens.

Partie 2 : Avant

Aujourd’hui est un beau jour, un grand jour, un magnifique jour. Nous venons d’arriver sur Tatooine, et je sens mon destin approcher. La Mer des Dunes attend. Tatooine est une planète assez singulière. Ce n’est pas la seule planète désertique que j’aie visité, mais c’est celle qui m’a le plus marqué. Son sable ; je le hais particulièrement, en temps normal, mais en fin de journée il rend les dunes rouges comme le sang. Et cette couleur est une couleur naturelle pour un mandalorien. Ce sable, pourtant, nous permettra de nous cacher plus aisément. En utilisant nos générateurs de champ de discrétion portatifs, nous sommes déjà capables d’être invisibles pour la plupart des êtres. Et avec les systèmes de camouflage de nos armures, seuls les natifs pourront réellement nous voir dans les dunes.

La culture des mandaloriens est une culture de guerriers habitués à user de technologies de pointe en coordination avec des arts martiaux mortels et un entraînement quotidien intensif. Mon clan est le clan Kyraycgaan, le clan « Mortemain » en basique. Nous sommes des maîtres d’armes. Pour les nôtres, cela veut dire à la fois que nous sommes de ceux qui développons le plus nos arts martiaux et de ceux qui se concentrent le plus sur la technologie. Mon oncle est le plus grand guerrier de notre clan, ma sœur la plus grande technicienne, et ma tante la meilleure parmi ceux dans l’entre-deux. Je ne suis pas encore à leur niveau, mais cela viendra. Notre famille mène le Clan. Préparer et diriger mes guerriers est comme une seconde nature. Je prépare une trentaine de détonateurs thermiques, des fusils à ondes sonores, des générateurs d’ondes de choc, des grenades toxiques. En temps normal, des cryogrenades seraient utiles, mais elles ne fonctionneront pas dans le désert. Je rappelle à chacun de mes vingt-sept guerriers d’activer les modules d’aridité de leurs armures pour m’assurer qu’ils se battent au maximum de leurs capacités. Ces modules les réhydrateront et limiteront la température interne de leurs armures à tout moment. Ils assureront également des déplacements adaptés à un environnement sablonneux. Je vérifie que personne n’oublie ses beskades ou son générateur de champ de discrétion et nous sommes presque prêts. Je distribue les réserves d’eau et les cartes des Dunes. L’embuscade aura lieu dans l’une des parties les plus désertes de celles-ci, ni prédateur, ni homme des sables ne passera par là. La République sait choisir le chemin le plus sûr, il faut l’avouer. Tout ceci fait, nous sommes prêts.

A quelques parsecs de Mos Eisley, nous rejoignons l’équipe Jurkad et nous nous dirigeons vers le lieu du combat. Je prends la décision de récupérer un troupeau de banthas sur le chemin. Chacun de ces banthas pourra servir de couverture à deux guerriers, cela nous permettra d’éviter qu’un jedi nous repère en usant de la Force avant que le combat n’ait commencé. Les banthas sont aspergés de phéromones de dragon krayt pour éviter qu’un prédateur ne les suive. Même les redoutés sarlacc n’oseraient pas attaquer un dragon krayt.
Chaque guerrier se prépare. Nous nous tenons aux poils des banthas, un guerrier sous le ventre, l’autre sur le dos, générateurs de champ de discrétion activés. Alors que nous finissons de nous mettre en place, mon holocom sonne.

– Tout le monde est en place ? Nous avons repéré le convoi. Il sera en vue de Jehavey’ir d’ici dix minutes. Préparez-vous, vod.

C’est la voix de mon oncle, c’est donc Kegy’ce qui nous contacte pour vérifier si nous sommes prêts. Je vérifie une dernière fois que tout le monde l’est bien et je me replace sur mon bantha, bien collé à son poil épais pour que personne ne puisse me repérer. Je confirme que nous sommes prêts. Les autres groupes le sont aussi. Un bourdonnement lointain se fait entendre après quelques minutes ; il semble se rapprocher. C’est la cible. Nous devons attendre qu’il passe notre troupeau de banthas avant d’attaquer. Je coupe les communications de tout le groupe, de sorte à ce qu’elles ne nous fassent pas détecter. Maintenant, c’est tout ou rien.

Le convoi approche. Je distingue une dizaine de chars anti-gravité et trois autres véhicules, plus lourds. Sans doute les transports de prisonniers et celui de commandement. Rien ne les différencie, malheureusement. Quoi qu’il en soit, une dizaine de chars, c’est beaucoup pour un transport de prisonniers. Mais c’est seulement deux de plus que prévu. En somme, rien d’insurmontable. Le convoi nous dépasse. Je commence à compter. Dix… neuf… huit…

… Zéro. Je tire violemment sur les poils de mon bantha. Il hurle. C’est le signal pour ma sœur. Mes hommes lancent l’attaque tandis qu’une explosion retentit à l’opposé du « champ de bataille ». L’assaut vient de commencer. Sans attendre plus longtemps, j’active mon jetpack et je fonce sur l’un des chars. Je me pose en force dessus, le poids de mon armure frappant le char. Ça ne suffit pas à le faire vraiment bouger, mais ce n’est pas l’effet recherché. Je décroche un détonateur thermique alors qu’ils se servent de l’impact pour calibrer leurs canons et commencer à me tirer dessus. Les tirs de blaster sont aisément déviés par mon armure, je n’essaye même pas de me défendre. On voit bien que ceux qui occupent ce char n’ont jamais eu affaire à du beskar pur comme celui de la mienne. Je décroche un détonateur thermique de ma ceinture et je le lâche dans un canon. Sans hésiter, j’utilise mon jetpack pour m’éjecter avant que de plus puissants tirs ne me mettent en danger.

Autour, les combats font rage. Il ne faut que très peu de temps avant qu’un chevalier jedi ne me bondisse dessus. Son sabre ne réussit pas à passer mon armure, mais je m’écrase contre le sable. Ce que l’énergie a manqué de faire, la force physique l’a fait. Je tente de redémarrer mon jetpack, mais je réalise qu’il vient d’utiliser la Force pour le court-circuiter. Je roule sur le côté avant qu’il ne me retombe droit dessus. Son lourd atterrissage me recouvre de sable. Je profite de celle-ci pour tirer mes beskades, mes lames, et parer un coup de sabre laser de justesse. Les jedis sont toujours des adversaires de valeur. Nous entamons un combat au rythme rapide, intense, tandis qu’autour de nous tirs de blaster et explosions fusent dans tous les sens. Mes guerriers s’en sortent, j’en suis sûr. Je ne m’en préoccupe pas. Ils sont tous entraînés, certains même plus que moi. Je n’entends plus rien. Toute mon attention est concentrée sur mon corps, mon arme, mon adversaire. La transe sacrée s’est emparée de moi. Feinte sur la gauche, suivie d’un coup de genou vers le ventre. Le jedi tente de lever un mur de sable pour couper ma vision. J’active le propulseur sonore de mon gantelet, le sable est repoussé et le jedi avec. J’enchaîne. Trois pas en avant, puis je frappe verticalement, de toutes mes forces. Il passe sur le côté et tente d’envoyer son sabre dans mon heaume. Mon pied accueille sa hanche avant qu’il ne puisse m’atteindre. Crac. Quelques côtes brisées. Ça ne l’arrête pas. Lui aussi est en transe. Il n’y a que nous. Deux guerriers se faisant face dans un duel à mort, en plein milieu d’un champ de bataille. Il lève la main et m’envoie un débris du char que j’ai détruit dessus. Je me retrouve brutalement bloqué entre le débris et le sable. Il approche brusquement pour me finir mais je tends la main en réponse et projette mon taser de poignet droit vers sa cuisse. Il n’y était pas prêt et se retrouve paralysé, assez longtemps pour que je puisse l’attirer vers moi en tirant d’un coup sec sur le câble reliant sa cuisse à mon poignet. Je le réceptionne d’un coup de beskade sur le crâne. C’est fini. Un jedi de moins, sept restants.

Je sors de ma transe et remarque qu’un peu loin, Adbetor vient d’en finir un autre. Six restants. Elle se dirige vers un de plus. Bientôt cinq. Une nouvelle explosion retentit en direction des transports lourds. C’est le signal que mon oncle et ses infiltrateurs viennent de frapper le commandement ennemi. Je remarque rapidement qu’un des transports et deux chars sont à l’écart, comme s’ils essayaient de s’échapper à travers le désert. Je réactive mes communications pour pouvoir le signaler, juste à temps pour entendre ma tante elle-même signaler qu’elle approche du transport en question.

Je me dégage du débris de char rapidement et rejoint mes hommes au combat. Quelques-uns sont blessés mais les armures sont l’une des spécialités du Clan. Aucun blessé grave. Alors que je reprends le combat, je remarque que mon oncle est aux prises avec deux maîtres jedis, mais surtout, qu’il n’a aucun problème. Je me dis souvent qu’il ferait un bon Mandalore. J’ai encore beaucoup de chemin à faire avant d’atteindre son niveau.

– Jehavey’ir, tu vois Aka ?

C’est Adbetor. Je tente de repérer ma tante, mais ses hommes et le transport qu’ils attaquaient ont disparu.

– Non. Kegy’ce, tu la vois ?

Mon oncle passe simultanément chacun de ses deux beskades dans le corps de ses deux adversaires. Il lève son gantelet vers son heaume comme pour répondre, mais soudainement le désert se met à trembler. Le sable s’agite, comme si quelque chose le tordait en son coeur. Aucun prédateur ne devrait être là, mais cela ressemble à un sarlacc, et un gros.

– A tous les vod, préparez-vous à prendre l’air. Un sarlacc app-
– Mando, gar ganar gupu tug’yc tyakr tekar gar risr. Bic b jii ca’nara at ramaanar.

Une voix m’interrompt, parlant dans notre langage. Elle dit qu’il est temps pour nous de mourir, et résonne dans tout le désert. Tous les combattants se figent. Soudain, une silhouette solitaire apparaît au milieu du champ de bataille et hurle.

– Soldats de la République. Il est temps pour vous de reprendre votre mission. Emmenez les prisonniers. Quant à vous, bouchers mandaloriens, vous avez déjà pris assez aux nôtres dans votre quête de gloire. Il est temps pour vous de récolter ce que vous avez semé : la mort.

C’est une femme qui se tient au centre des combats. Sa simple présence en impose à tous, même les plus expérimentés. Sa bure d’un blanc éblouissant se fait remarquer en plein désert, tout comme la couleur similaire de son sabre laser. Mais ce que je retiens, c’est son demi-masque rituel, doré, couvrant ses yeux et marquant son aspect aveugle. C’est une miraluka. Mon oncle prend la parole pour lui répondre.

– Que pense faire une seule jedi face aux guerriers du clan Kyraycgaan ?

A nouveau, le désert se déchire. Un sourire vicieux parcourt le visage de la miraluka, tandis qu’elle répond avec toute la puissance de la Force.

– Je ne suis pas seule. Le seigneur des Dunes est avec moi.

Au moment où elle finit sa phrase, le sable sous nos pieds se soulève. Nous n’avons pas le temps de nous dégager que nous sommes attirés dans le sable. Une gigantesque forme se soulève à côté de moi. C’est une patte. Une deuxième sort du sol et écrase un de mes guerriers. Puis une troisième, qui piétine un char par accident. Une quatrième déchire deux de mes guerriers d’un coup de griffe. Une cinquième élève une gigantesque vague de sable qui recouvre les banthas. Une sixième saisit un des banthas en jaillissant du sol. Suivant le mouvement, dix autres pattes jaillissent du sol tandis qu’un corps d’une centaine de mètres commence à s’élever des dunes. Enfin, une gigantesque gueule jaillit des Dunes.

La terreur s’empare de moi. Tout guerrier doit savoir quand l’ennemi est trop fort. Une chasse est honorable, mais une boucherie ne l’est pas, et je reconnais ce qui vient de sortir du sable. C’est un dragon krayt. Mais pas n’importe quel type de dragon krayt, un dragon supérieur. Les rumeurs disent que ces créatures légendaires sont en réalité une espèce différente des dragons krayts. Ce sont les plus terribles créatures de Tatooine, et de la plupart des mondes connus. Nul n’en voit jamais car ils passent leur vie entière à chasser et dévorer les sarlacc au plus profond des sables. Leur simple existence est la fin de ceux qui ont le malheur de les rencontrer. Et cette jedi semble en contrôler un, qu’elle vient de déchaîner contre nous.

J’entends un gigantesque cri, et je distingue une silhouette devant la gueule du dragon. J’ai seulement le temps de réaliser que c’est ma sœur avant que le dragon ne referme sa gueule dessus. Je ne réalise pas. Je ne peux pas réaliser.

– Mav ! BOUGE !

Mon oncle hurle et se jette sur le haut du dragon. Il disparaît entre ses écailles dorsales dans un hurlement guerrier, mais nous savons tous qu’il continue de s’y battre. Je tourne le regard vers l’origine de ce chaos, tandis que les autres font de leur mieux pour s’occuper du dragon. Pas de temps à perdre. Le dragon vient d’avoir ma sœur. Je ne peux pas perdre quelqu’un d’autre. Mon oncle s’en sortira. La jedi fait face à ma tante. Je rassemble mes forces du mieux que je peux, toujours ébranlé par le destin de ma sœur, et je me concentre uniquement sur les bruits de la bataille. Je fonce vers ma tante.

Elle abat sa lame vers la jedi avec force, forçant son adversaire à parer le coup et reculer d’un pas sous la force de celui-ci tandis qu’elle s’enfonce dans le sable. J’arrive à ses côtés.

– Je vais venger ma sœur, Jedi, et protéger le reste des miens.

La Miraluka s’interrompt dans son mouvement et change de posture, relevant son sabre laser à l’horizontale devant son crâne.

– « Venger ta sœur », « protéger les tiens ». Il y a erreur, mandalorien. Tout votre clan meurt aujourd’hui.

Ma tante se jette sur elle en cherchant à utiliser l’ouverture qu’elle vient de créer. Je l’imite en attaquant de l’autre côté. Nous la prenons en tenaille. Soudain, elle lève la main gauche ; je suis violemment projeté à travers le désert, incapable de contrôler mon corps. Je n’ai que le temps de voir la jedi se baisser en esquivant ma tante, sabre en main, puis se relever en déplaçant son sabre laser dans le cou de ma tante.

La douleur m’envahit. La rage me parcourt. Le sentiment d’impuissance suit, et puis je perds le contrôle. Quelque chose s’éveille en moi.